Pôle général et technologique

2025/04 - Confluences des pensées : voyage en altérité

Par Carine Chevalard, publié le vendredi 11 avril 2025 11:27 - Mis à jour le vendredi 11 avril 2025 11:43

 

La classe de première HLP a eu la chance d’échanger avec Mundiya Kepanga, un chef papou de Papouasie Nouvelle Guinée qui a décidé de venir à la rencontre des cultures occidentales pour les découvrir et les comprendre. Lors de cette entrevue nous avons évoqué la tragique déforestation et la nécessaire protection de la nature. Nous avons confronté nos différentes conceptions du monde et avons pris conscience que nos points de vue ne nous sépareraient pas : au contraire, bien qu’ils ne proposent pas une unique vision du monde, ils font de nous une communauté vivante que nous avons pu voir illustrée par le buisson du vivant, pièce maîtresse du musée de Confluences qui met en dialogue les grandes questions universelles. Car pour prolonger cette découverte, nous avons visité cet espace qui, comme son nom l’indique, évoque la fusion et la diversité accompagnés par nos professeurs de spécialités, M. Charles-Pablo et Mme Mansour. C’est sous un magnifique ciel bleu que nous avons été sensible à la magie du lieu tant sur le plan architectural que géographique et symbolique.

Nous nous sommes concentrées sur la section « Eternités »avec une visite guidée. La question du devenir du défunt, dans sa chair et son esprit, est commune à toute l’humanité mais en souligne la richesse culturelle et la diversité des conceptions. L’exposition aborde le sujet en mettant en perspective nos questionnements contemporains avec ceux de civilisations d’époques variées : cultures amérindiennes, africaines, d’Égypte antique, du Pérou ancien, de l’âge du fer d’Europe centrale (Koban)... À toutes ces pratiques qui évoquent une perméabilité entre le monde des vivants et celui de l’au-delà répond la porosité de la scénographie : les différentes parties du parcours sont séparées par des moucharabiehs de métal, perforés selon la position des étoiles, des galaxies scintillantes et lointaines, symboles des mondes de l’au-delà. La guide a mis en avant l’union des différences à travers le temps et l’espace par le biais d’un voyage par l’Egypte antique, le Pérou et les steppes russe. Cette visite s’est déroulée dans le plus grand respect grâce à une médiatrice passionnante et a célébré la vie en matérialisant le passage de la mort. Nous avons décodé et interprété les traditions et les rites. Rien de déprimant ou de tragique ! La vanité colorée qui termine le parcours en témoigne. Notre perspective européocentriste s’en est trouvée enrichie.

Pour finir nous avons exploré les autres salles d’expositions du musée qui ont confirmé la diversité des sociétés humaines. Ce fut un très bon moment de partage.

Article collectif : 1 HLP

 

 

 

 

 

 

Article réalisé par deux élèves : ASSIA et AYA 

Rencontre avec l’Autre : La Mort et l’Au-Delà au Musée des Confluences par AYA et ASSIA

Lors de notre visite au Musée des Confluences à Lyon avec notre classe d’HLP, nous avons exploré la thématique de la rencontre avec l’Autre à travers une approche particulière : celle de la mort. Cependant, la mort n’est ici qu’un exemple choisi par le musée pour illustrer un enjeu plus large : la diversité des perceptions humaines face à l’inconnu et au passage d’un état à un autre. À travers cet exemple, le musée nous montre comment les civilisations, les cultures et même les espèces animales développent des rituels et des croyances pour appréhender ce qu’elles ne peuvent entièrement comprendre. Cette réflexion dépasse la simple thématique de la finitude et questionne le rapport fondamental de l’Homme à l’Autre, qu’il soit visible ou invisible, tangible ou spirituel.

 

La Mort : Définition et Enjeux

La mort marque la fin de la vie biologique d’un individu, mais sa définition soulève des interrogations : comment sait-on qu’un être humain est mort ? Au-delà de l’arrêt des fonctions vitales, la perception de la mort varie selon les cultures et les croyances. Le Musée des Confluences met en lumière ces visions diversifiées et questionne la frontière entre le vivant et le défunt. La mort n’est pas seulement une rupture physique, elle est aussi une transition symbolique qui met en jeu les représentations collectives et les angoisses existentielles propres à chaque civilisation.

 

L’Au-Delà et l’Éternité

L’au-delà désigne l’existence après la mort, conçue différemment selon les traditions. Certains peuples considèrent l’Homme comme éternel, sans début ni fin, tandis que d’autres imaginent un passage vers un monde invisible. 

Dans plusieurs cultures, des figures comme les chamans jouent un rôle essentiel dans cette connexion avec l’au-delà. Habillés de vêtements rituels, ils entrent en contact avec les esprits des défunts et facilitent le passage entre le monde des vivants et celui des morts. Les chamans utilisent souvent des chants, des danses et des objets sacrés pour invoquer les âmes disparues et leur demander protection ou conseils. Ce rôle d’intermédiaire met en évidence la porosité des frontières entre la vie et la mort, suggérant que la séparation entre ces deux mondes est moins nette qu’elle ne le paraît.

 

La Mort dans le Règne Animal

Le Musée présente également des rituels de mort chez certaines espèces animales. Les éléphants, par exemple, se rassemblent autour du cadavre de l’un des leurs, comme pour lui rendre hommage. Ils manifestent des signes de deuil en caressant les ossements de leurs semblables et en restant près d’eux pendant plusieurs jours. Les baleines, elles aussi, manifestent des comportements sociaux face à la mort de leurs semblables, parfois en soutenant le corps d’un congénère à la surface de l’eau. Ces pratiques suggèrent une sensibilité partagée entre les humains et les animaux face à la disparition, ce qui remet en question l’idée selon laquelle la conscience de la mort serait propre à l’Homme.

 

La Momification : Une Rencontre avec l’Autre au Travers du Temps

La momification est une pratique funéraire qui traduit différentes conceptions de l’au-delà. L’exemple de l’Égypte antique illustre une relation complexe à la mort : les Égyptiens momifiaient leurs défunts pour assurer leur survie dans l’au-delà. Le processus était long et minutieux : extraction des organes, dessiccation du corps, enveloppement dans des bandelettes et position spécifique du cadavre. Cette dernière reflète une perception brutale de la mort, car elle impose une posture rigide et inconfortable. Le but était de conserver le corps le mieux possible pour garantir la continuité de l’existence dans l’au-delà.

En Amérique du Sud, la civilisation Ychsma pratiquait aussi la momification, mais selon une symbolique différente. Une momie présentée au musée illustre cette pratique : une femme inhumée en position verticale, jambes et bras repliés sur la poitrine. Cette posture, liée à la croyance que l’au-delà se situe dans le ciel, facilitait le séchage naturel du corps. Contrairement aux Égyptiens, les Ychsma considéraient que le retour à la nature était essentiel, d’où l’absence de sarcophage ou de protection complexe autour des défunts. La diversité de ces pratiques montre que la mort n’est pas simplement une fin, mais un voyage, où le corps devient un vecteur de passage entre les dimensions du réel et du sacré.

 

Perceptions Culturelles de la Mort

Un autre exemple marquant est celui d’un corps retrouvé en Russie, disposé en position allongée, comme s’il dormait. Cette posture traduit une vision plus douce et apaisée de la mort. L’individu était accompagné d’un miroir, symbole du lien entre le passé et le futur : en regardant son reflet, on observe non seulement son propre visage, mais aussi l’image de cet homme défunt, témoin d’une autre époque. Ce miroir questionne le rapport au temps et la nature cyclique de l’existence : la mort ne serait-elle qu’un reflet inversé de la vie ?

Par ailleurs, une absence de signes religieux clairs sur certaines momies interroge : était-ce un choix personnel, une évolution des croyances ou une pratique culturelle où le rapport au divin se manifestait autrement ? Cette question nous invite à réfléchir à l’universalité des rites funéraires et à la manière dont les sociétés conçoivent l’au-delà. Il semble que la mort, bien que partout présente, ne s’accompagne pas nécessairement d’une explication religieuse uniforme, mais plutôt d’une diversité de représentations spirituelles adaptées aux préoccupations culturelles spécifiques.

 

Une Approche Universelle ?

Ces différents exemples soulignent que la mort, bien qu’universelle, est abordée de manière singulière selon les cultures. Mais plus largement, le Musée des Confluences nous montre, à travers cet exemple, comment chaque civilisation tente de donner du sens à ce qui lui échappe. Qu’il s’agisse de la mort, du temps, ou des relations entre les êtres, les sociétés humaines façonnent des croyances, des objets et des rituels pour appréhender ces grandes énigmes. La mort est ainsi un prisme à travers lequel le musée nous invite à réfléchir sur notre propre rapport à l’inconnu et aux autres cultures.

Ainsi, cette visite au Musée des Confluences nous a permis d’explorer la mort non comme une fin absolue, mais comme un passage, une rencontre avec l’Autre, qu’il soit d’un autre temps, d’une autre culture ou d’un autre monde. Finalement, le regard que nous portons sur la mort est un miroir de nos propres valeurs et de notre conception de l’existence. L’homme ne cesse d’interroger son rapport à l’infini, et la mort, loin d’être un point final, se présente comme une énigme, un seuil, une invitation à penser au-delà du visible.