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Le piège

Publié le samedi 17 novembre 2018 15:32 - Mis à jour le lundi 23 septembre 2019 12:39

La vie de lycéen n'est décidément pas de tout repos... âme sensible s'abstenir !

Je sors du cours de mathématique pendant que Joël me rattrape.

- Attends !

Je m’arrête.

-Tu sais dans quelle salle on est, après ? me demande mon ami.

- Je regarde, deux secondes, lui dis-je.

Je plonge ma main dans ma poche, je fouille quelques secondes et j’en ressors mon portable. Je consulte l’application et je lis le nombre au bas du rectangle. 008. Mon visage se décompose et j’essaie d’articuler :

- Mec, on est en … Je m’interromps.

Je lève alors les yeux pour me rendre compte que Joël est parti discuter plus loin avec Noah, un autre de mes amis. Comme à son habitude, il n'a même pas écouté la réponse. Soudain, je me rappelle les trois chiffres tant redoutés : 008. Cette salle est réputée pour les difficultés que les élèves éprouvent à la trouver. De plus, un bruit court dans les couloirs selon lequel la pièce changerait de place toute seule. Je reste cinq minutes dans mes pensées, essayant de regrouper les éventuelles informations que l’on m’aurait communiquées sur sa localisation. Je me rappelle alors que je dois aller en cours et je me décide à me mettre en route, paniqué par les éventuelles réprimandes qui vont m’être adressées pour mon retard.

 

J’ai enfin trouvé la salle 008, plus rapidement que je ne le pensais, je n’ai mis que dix minutes. C’est très étrange, par le passé j'ai pris de nombreuses fois ce couloir, et c’est la première fois que je remarque cette porte. Je me rappelle alors cette histoire de salle mouvante et un frisson parcourt mon échine. Sur la porte, un post-it est accroché un peu en dessous du numéro :

«  Je serai en retard pour le cours de seize heures trente, ne m’attendez pas et entrez vous installer. » J’entre alors dans la classe et à mon grand étonnement, elle est vide. Je réfléchis et je me rends compte que je dois être le premier arrivé, les autres ont dû se perdre . Plein de fierté, je m’installe à la place de droite dans le fond de la pièce. Je décide de m’avancer pour mes devoirs et je m’endors sans m’en apercevoir. Je me réveille en sursaut, encore en proie à l’étrange cauchemar qui a habité mon sommeil. Je suis toujours seul. Je regarde l’heure, il est déjà dix-sept heures et je décide de partir. Je ramasse mes affaires et me lève en me dirigeant vers la sortie, les yeux mi-clos. Je me cogne à un mur. C’est étrange, j’étais pourtant sûr que la porte se trouvait là. Je regarde autour de moi, la porte a disparu !

 

Je commence à paniquer, j’appelle à l’aide, je regarde encore, pas de fenêtre. Je frappe contre le mur, dans le vain espoir que quelque chose se passe. Je crie encore, la lumière s’éteint. J’entends un ricanement lugubre derrière moi, une douzaine de petites braises virevoltent par paire.

Je suis frappé par l’effroyable vérité, ce sont des yeux ! Je tente de reculer mais derrière moi il n’y a que le mur. Je suis alors projeté à l’autre bout de la salle par des bras puissants, je heurte le mur de plein fouet, et avec le choc, une immense douleur m’envahit le bras droit. J’ai été projeté avec une telle force qu’il s’est brisé. L’absence de lumière combinée au vol plané m’a fait perdre mes repères. La chose qui m’a jeté à travers la pièce attrape mon bras cassé et commence à me tirer dans la pièce. La douleur est de plus en plus intense dans mon bras, jusqu’au moment ou il lâche. Une fois mon bras arraché, plus rien ne me tient et je m’écroule lourdement sur le sol. La souffrance est telle que je défaille.

 

Je me réveille, toujours dans le noir, mon bras me fait souffrir le martyr. Je suis dans une sorte de cage, du moins, c’est ce que je conclus en touchant les barreaux glacés qui m’entourent.

Je sens le goût de l’hémoglobine dans ma bouche, j’essaie de l’ouvrir, en ne réussissant qu’à me faire mal. Je porte mes mains à mes lèvres pour essayer de calmer la douleur. Mes doigts touchent alors des fils qui semblent faire des allers retours sur mes lèvres, je réfléchis, puis me rends compte avec horreur qu’elles sont cousues ! Je m’agite, j’essaie de crier, mais cela ne fait qu’ajouter à ma douleur. C’est alors qu’un néon clignote, puis s’allume. Je rends mon dernier repas sur le coup, non par ma bouche bloquée mais par mes narines. Le répugnant liquide me brûle le nez avant de finir sur mes jambes. Je tente d’oublier cette vision. Non loin de ma cage, un homme, ou plutôt un cadavre, est assis contre le mur. Il lui manque ses deux bras, ses deux jambes et partout sur son corps la peau a été écorchée. Là où devait sûrement se trouver son épiderme, des taches jaunes et verdâtres suppurantes se chevauchent. Du sang séché a bouché tous les orifices de son visage, ses oreilles, sa bouche, les vestiges de son nez et même un des ses yeux ayant sauté de son orbite et pendant encore à son crâne. L’autre œil, quant à lui, n’est plus qu’une cavité vide, à l’exception de larves d’insectes se nourrissant des restes de chair. Enfin, ses ongles ont été arrachés pour permettre de planter les fils de fer qui lui traversent le bout des doigts.

Soudain, une voix retentit :

- Tu l’envies ? C’est un péché, tu sais, il va falloir te punir.

Et des dizaines de rires retentirent tandis que les yeux rouges se rallumaient dans la pénombre du fond de la pièce.

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